La
fixation des prix de l'or sur le marché mondial aujourd'hui
Comme toute
matière première le prix de l'or est déterminé par le jeu de l'offre et de la
demande sur le marché mondial. Les transactions se réalisent sur les principales
places financières en fonction de la provenance du métal précieux : New York
et Toronto pour les Amériques, Londres et Zurich pour l'or en provenance d'Afrique
du Sud et de Russie, Hong Kong, Singapour et Tokyo pour celui de Chine et d'Australie.
Certaines places sont également réputées pour des transactions spécifiques :
l'échange de lingots à Londres, le marché de règlement à terme à New York (COMEX).
Quelles sont les spécificités de l'offre et de la demande ?
L'offre
est principalement alimentée par la production et les ventes des autorités monétaires.
Depuis la démonétisation, certaines banques centrales et institutions internationales
comme le FMI ont pu liquider une partie de leurs stocks, ne conservant aujourd'hui
qu'une réserve de 30 000 tonnes soit quand même à peu près 20 % de tout l'or
extrait depuis deux mille ans. La production actuelle est évaluée à 2300 tonnes
par an et elle est en progression constante en raison de l'utilisation des nouvelles
technologies d'extraction.
L'Afrique
du Sud est de loin le premier producteur (25 % de la part mondiale) mais sa
production est en baisse constante (en 1970, elle détenait 90 % de la production
!). Elle est suivie par les Etats-Unis, l'Australie, la Russie et la Chine qui
produisent chacune plus d'une centaine de tonnes par an.
La demande
émane principalement de la bijouterie, de l'orfèvrerie, et de la joaillerie.
Elles absorbent à elles seules près de 80 % de l'offre mondiale. Il est à noter
cependant que ces activités travaillent rarement l'or pur à 24 carats. Par souci
de travail du métal, elles le mélangent au cuivre (pour faire de l'or rouge),
au cuivre et à l'argent (or rose), à l'argent (or vert), au fer (or gris), nickel
(or blanc) ou encore à l'aluminium (or violet). La fabrication d'alliages de
9 et 14 carats, au lieu des 18 carats traditionnels a pour conséquence de réduire
le prix des bijoux en or, d'accroître la demande et donc de tirer la production
qui a pu doubler en moins de 20 ans.
L'industrie
consomme également de plus en plus d'or. Elle absorbe à l'heure actuelle 10
% de l'offre. En effet, l'or dispose des vertus de résistance à la corrosion
et de haute conductibilité électrique très recherchées en informatique, les
hautes technologies et le bâtiment.
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Doc. 19. Circuit intégré contenant de l'or.
Ampoule contenant de l'aurothiomalate de sodium pour le traitement par
injection de l'arthrite rhumatoïde. |
Les 10 % restants correspondent
aux transactions d'investissements émanant des agents institutionnels ou des
particuliers soucieux d'utiliser l'or comme valeur refuge ou comme valeur spéculative.
Tout le monde sait que
les cours de l'or peuvent varier considérablement à la faveur des aléas de la
production, des tensions et des crises internationales. Néanmoins, depuis une
dizaine d'années les cours sont plus sensibles à l'activité économique mondiale
que des tensions géopolitiques et suivent les autres matières premières comme
l'aluminium, le café, le coton ou le sucre. Si au lendemain des attentats du
11 septembre 2001, l'or grimpe de $275 à $295 l'once (31 g), il retombe très
vite du fait du marasme économique et des mauvaises perspectives d'écoulement
sur le marché.
Quel bilan peut-on faire
des variations des cours depuis le décrochage du dollar par rapport à l'or en
1971 ? A première vue, avec un cours actuel aux alentours de $300 l'once, l'épargnant
qui aurait converti ses économies en lingots au tout début des années 70, lorsque
l'once d'or fin était à $35 serait aujourd'hui millionnaire. Certes, mais il
ne peut acheter que la même quantité de produits qu'il y a trente ans. L'inflation
a réduit à néant les gains nominaux sur la valeur de l'or. En d'autres termes,
en dollar constant, la valeur de l'or n'a pratiquement pas varié, ce qui est
finalement remarquable dans un monde qui aura connu entre temps deux crises
pétrolières, des dizaines de guerres régionales à portée internationale, les
incertitudes liées au terrorisme et le doublement de la sa population. Plus
qu'autre chose, cette situation traduit la dématérialisation d'une part croissante
de notre économie, très sensible à partir des années 80.
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Doc. 20. Cours de l'or entre 1968 et 2000. |